Histoire de la ville de Rive de Gier -Du Canton et de ses Principales Industries - Auteur Claudius. CHOMIENNE - 1912

 

BARRAGE DE COUZON

Le barrage de Couzon est un barrage en terre avec écran en maçonnerie, de la nature de ceux qu'on appelle barrages « mixtes ».
Edifié aux frais de l'ancienne Compagnie du canal de Givors, qui avait obtenu par lettres-patentes royales la concession qu'elle exploitait ; ce barrage, situé à 4 kilomètres au Sud de Rive-de-Gier, a été commencé, en 1789, à l'aube de la Révolution. Sa construction fut sans cesse contrariée par les malveillants et faiblement protégée par les autorités du temps ; elle se traîna, toute languissante, au travers d'une multitude d'obstacles, jusqu'au siège mémorable de la ville de Lyon. Reprise en 1799, elle fut parachevée en 1812.
La surface du bassin hydraulique est de 2.500 hectares. La hauteur d'eau qui tombe moyennement dans ce bassin étant de 0,80m, si on admet une déperdition de 5o % due à l'évaporation et à l'imbibition, on voit que le volume total d'eau annuellement emmagasinable, c'est-à-dire traversant le réservoir, est d'environ dix millions de mètres cubes.
Le barrage de Couzon a toujours été considéré comme un remarquable monument du génie civil.
Au centre du mur d'aval, les constructeurs ont gravé sur le marbre cette inscription :
Exhaustis tribuit lacus ille canibalus undas Naugiisque refert, quam negal omnis, opem 
Traduction : Le barrage qui alimente ce canal et permet aux bateaux de naviguer.

Le pont d'Arcole servait autrefois a amener les eaux du réservoir de Couzon au Sardon pour l'alimentation du canal. Constitué de dix arches de pierre, d une hauteur de 23,45 m,il tronait dans la vallée d'Egarande. 

 

En dessous on lit :
Commencé sous le règne de Louis XVI et parachevé sous celui de Louis XVIII par les propriétaires du canal de Givors
SYNDICS
M. le Comte Laurencin du Marest Devillers, Coulon, de la Rose et le Comte de Cibeins Directeur : M. Cailhava ; Ingénieur : M. Heinz.
Et à gauche du mur se trouve une plaque portant l'inscription suivante :
Son Altesse royale, M. le Comte d'Artois, a daigné visiter ces travaux le 23 septembre 1814.

La surface du réservoir est de 13 hectares. Sa capacité est de 1.45o.ooo mètres cubes. La hauteur de la retenue au-dessus du lit est de 32 mètres.
L'épaisseur de la digue, dans le sens de la vallée, est de 118 mètres; le massif de terre est formé de deux parties séparées par un mur écran, dit mur du milieu ; chaque demi-massif est adossé, d'autre part, à deux murs, dits mur d'avant et mur d'aval.

Rive de Gier - Pont d'Arcole

La partie amont de la digue à une épaisseur de 52 mètres, le massif aval a une épaisseur de 66 mètres.
Le mur du milieu est rectiligne, il a 200 mètres de longueur et une hauteur de 33 mètres, mesurée au droit du thalweg ; son épaisseur varie entre 6,82m. à la base et 4,00m. au sommet.
La hauteur du mur d'amont ne dépasse pas 10 mètres, celle du mur d'aval est de 18 mètres, sa longueur est de 60 mètres ; il est accompagné de deux murs en ailes, ou contreforts, dont la rigole d'alimentation du canal contourne le pied. Les murs d'amont et d'aval, aussi bien que les murs de contreforts, sont également rectilignes.
Un tunnel inférieur, ou de vidange, traverse tout le massif du barrage, suivant la ligne du thalweg de la vallée de Couzon.
A ce tunnel sont superposées : dans le massif amont, la galerie de prise d'eau ; dans le massif aval, une galerie qui donne accès aux deux robinets à boisseau, fixés sur le mur du milieu et qui versent l'eau du réservoir dans la rigole d'alimentation du canal.
A l'extrémité Ouest de l'enracinement du barrage existent deux réservoirs, d'une superficie de 40 mètres de longueur totale, qui permettent aux eaux surabondantes de la retenue de s'écouler dans un canal de décharge ; ce canal prolonge en même temps une rigole de dérivation ouverte sur la rive gauche et contournant le réservoir.

Environ de Rive de Gier - Le Pont du Barrage de Couzon - 1920

     Il existe, en outre, dans le mur du premier déversoir, une vanne, ou bonde de décharge, qui manœuvrée en temps de crue, laisse échapper une certaine quantité d'eau par un tunnel qui va rejoindre le canal de décharge.
Cet ouvrage a coûté 1.5oo.ooo francs.
Travaux de restauration du barrage
     Depuis longtemps, des fuites importantes existaient dans le barrage de Couzon, des lézardes s'étaient déclarées dans le mur central dès la mise en eau. Le mur a dû s'appuyer sur le massif de remblai qui lui fait suite, et les mouvements du barrage lui ont fait affecter une courbe irrégulière dont la plus grande flèche, située à peu près au milieu de sa longueur, est de 0,24m.
Le débit des fuites s'élevait, au maximum, à 66 litres par seconde, soit près de 6.000 mètres cubes par jour, le barrage étant plein.On conçoit les vives inquiétudes que devait faire naître une pareille situation, et les craintes fondées qu'inspirait le délavement continu du massif de terre par un volume d'eau aussi considérable et filtrant de tous côtés à travers le remblai. Aussi, un projet de grosses réparations a-t-il été dressé par MM. les ingénieurs des ponts et chaussées en 1894, approuvé par l'administration supérieure, et mis à exécution en 1895-96. 
     Au droit de chaque fissure, on a ouvert des brèches aussi larges et profondes qu'il était utile ; ces brèches ont été ensuite remplies en maçonnerie de ciment, et le parement en pierre de taille a été soigneusement remis en place.

Environ de Rive de Gier - Le Barrage de Couzon -1911

Ces travaux ont présenté les plus grandes difficultés, à cause de la nécessité où l'on se trouvait d'assurer, pendant leur exécution, l'alimentation de la ville de Rive-de-Gier. C'est ainsi que non seulement on a dû refouler dans la rigole, à l'aide d'une pompe centrifuge mue par une machine, les eaux des fuites recueillies à l'aval du barrage dans la vallée de Couzon, mais encore on a dû travailler dans un batardeau, à plusieurs mètres au-dessous du plan d'eau, pendant qu'une locomobile actionnait une seconde pompe d'épuisement permettant de travailler à sec.
Ces réparations ont donné un excellent résultat: les fuites qui traversent les massifs du barrage ne débitent plus, le barrage étant plein, que 3 litres et demi à la seconde, soit le vingtième de ce qu'elles donnaient autrefois. Il est probable qu'elles proviennent maintenant, non plus des filtrations traversant le mur du milieu, mais des eaux zénithales formant nappe dans les remblais et peut-être de sources pénétrant dans le massif par les flancs rocheux, très fissurés, qui bordent la vallée.
Il y a toujours, d'autre part, des suintements au travers d'un mur soumis à une pression d'eau.

Le Barrage de Couzon

Les réparations n'ont pas seulement porté sur le mur du milieu, mais encore sur les murs contreforts et sur les galeries traversant le massif aval. En particulier, des réparations très délicates, effectuées en 1896, pendant que le barrage était en eau, ont eu pour effet de rendre la manœuvre des robinets de prise d'eau facile et sûre. Avant ces réparations, le gardien du barrage ne pouvait, sans danger, ouvrir les robinets de plus d'un quart de tour.
L'ensemble de ces réparations n'a pas dépassé 5o.ooo francs. Nous ne pouvons qu'exprimer l'espoir de voir bientôt se réaliser l'idée d'un canal reliant la Loire au Rhône et permettant d'utiliser d'une façon complète les eaux de ce barrage établi jadis dans le but d'alimenter le canal de Rive-de-Gier à Givors.

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