Les
lignes qui suivent ont été empruntées au livre de M. Etienne Abeille
"HISTOIRE DE GIVORS" de 1912.
LE CANAL DE GIVORS - Guillaume Zacharie
L'entreprise semblait gravement compromise. Heureusement, le roi s'intéressait au projet, et Zacharie trouva un digne continuateur de son œuvre, en Guillaume son fils aîné. Des lettres patentes du 30 septembre 1770, donnèrent, à Guillaume Zacharie et ses associés, une prolongation de vingt ans à la concession de quarante ans primitivement accordée ; les actionnaires reprirent courage, et les travaux furent continués.Le 14 avril 1774, Guillaume Zacharie forma, avec quelques capitalistes, créanciers ou associés de son père, une société au capital de 1.080.000 livres ; la moitié de ce capital était déjà dépensée. Il restait donc environ 500.000 livres pour achever l'entreprise. La plus grande partie de ces fonds disponibles fut bientôt absorbée et la société fit mine d'abandonner les travaux en 1779. Le Gouvernement, à qui elle avait exposé la situation, et qu'elle avait sollicité, vint à son aide. Par lettres patentes du 22 août 1779, la durée de la concession fut portée à 99 ans et le tarif de 1761, pour les transports, fut doublé.
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Givors - Le Canal en 1938
envahi par les roseaux
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La situation n'était pas aussi
précaire que, pour les besoins de la cause, on l'avait
présentée. Aussi les travaux menés, dès lors, avec vigueur,
furent terminés en mai 1780. Le canal fut définitivement livré
à la navigation au moins de décembre suivant.
L'ouverture du canal de Givors fut un événement de quelque importance. Dans son numéro du 24 mars 1781, le Mercure de France lui consacra un long article.
« Ce canal, dit-il, est le commencement d'un canal plus étendu et plus important, depuis plusieurs années projette par le père du sieur
Zacharie, accueilli et approuvé par le Gouvernement, qui joindroit le Rhône à la Loire et formerait la communication des deux mers au travers de la France....
(Suivent la description du canal, l'énumération des pays dont il facilite les rapports, les prix des transports, etc...)... |

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« Le sieur Zacharie et sa Compagnie prient les personnes qui se trouveront avoir besoin d'autres renseignements de s'adresser à M. Cailhava (1), directeur du canal, place de la
Charité, à Lyon. » (1) M. Cailhava fut nommé directeur du canal en 1780.
Dès le début, pour se procurer des transports plus nombreux et ruiner la concurrence, la Compagnie du Canal ne perçut pas dans leur
intégralité, les droits de transport que lui allouaient les lettres patentes de 1779 ; elle réduisit même encore son tarif en 1782. La Compagnie transportait les marchandises jusqu'à l'embouchure du canal, où l'on opérait le transbordement sur les coches du Rhône ; quelquefois les bateaux de la Compagnie descendaient le fleuve jusqu'à Vienne. A ce
sujet, un litige s'éleva. Les fermiers des coches du Rhône, Dervieu et
Cie, de Lyon, prétendirent, en octobre 1785, qu'ils avaient le monopole du transport des marchandises sur le Rhône, par bateaux
couverts, et que les propriétaires du canal de Givors portaient atteinte à ce monopole en faisant des transports sur le Rhône, au moyen des bateaux du canal, qui étaient des bateaux
couverts. |
Dans une pièce de procédure du 3 novembre 1785, Dervieu et Cie se plaignent que les propriétaires du canal ont fait construire des coches et diligences couverts en
planches, en tout semblables aux établissements des suppliants, et portant cette inscription en grosses lettres moulées Canal Royal de
Givors. L'un de ces coches est peint en vert (comme ceux des
fermiers) on l'a nommé l'Ardent, il a trois fenêtres de chaque
côté, il a cinquante-deux pieds de longueur sur neuf pieds de
largeur. Les propriétaires du canal répondirent, le 17 décembre 1785, par une
supplique, à l'intendant de la ville et généralité de Lyon, afin d'être autorisé à faire transporter
à Vienne, dans les bateaux couverts du canal, leurs marchandises, dans le cas où Dervieu et Cie ne chargeraient pas tous les mercredis dans leurs
coches, à l'embouchure du canal, les marchandises qui se trouveront dans les entrepôts des suppliants, pour les transporter à Vienne, au prix fixé par les
tarifs. Il semble que ce litige se trancha à l'amiable.
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Le chiffre des recettes du canal s'éleva rapidement ; de 64.337 livres pour l'exercice de 13 mois de décembre 1780 à fin 1781 il
monta, par une progression à peu près constante, à 377.354 livres pour l'année 1789. Pendant ce laps de neuf
ans, on distribua 1.288.035 livres aux actionnaires, on consacra 73.360 livres aux constructions
nouvelles, et l'on mit en réserve 60.752 livres. On voit, par ces
chiffres, quels services notre petit tronçon de canal rendait au commerce, et quelle était la prospérité de
l'entreprise.
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