Histoire de la ville de Rive de Gier -Du Canton et de ses Principales Industries - Auteur Claudius. CHOMIENNE - 1912

 

CANAL DE JONCTION DE LA LOIRE AU RHONE

 

Depuis de nombreuses années, et surtout depuis 1878, époque de l'arrêt du Italie sur le Canal de Givors, il est sérieusement question de relier la Loire au Rhône au moyen d'une voie navigable qui, passant par Saint-Etienne, aurait ses points de jonction avec le premier de ces fleuves à Roanne, et avec le second à Givors.

     Cette création assurerait la facilité et la rapidité des communications, ainsi que le coût modique des transports dans toute l'étendue de la contrée desservie. L'établissement du nouveau canal constituerait par là même un auxiliaire précieux pour l'augmentation de la production industrielle et agricole des vallées de la Loire et du Gier, en facilitant leur rapprochement avec les ports maritimes et les grands centres de consommation. Il offrirait des éléments particuliers d'activité, des chances de développement progressif et continu aux diverses exploitations minières, aux nombreuses usines et manufactures de Saint-Etienne, Saint-Chamond et Rive-de-Gier, ainsi qu'à toutes les industries qui se trouveraient placées sur ses bords ou dans le voisinage.

Rive de Gier - Les Joutes un Jour de Fête dans le Port du Canal

 Ce serait là, pour ainsi dire, le point de départ d'une rénovation économique de ces régions, peut-être trop sacrifiées par les Pouvoirs publics, eu égard aux ressources dont elles disposent pour la prospérité industrielle générale, et par rapport à l'utilisation qui pourrait en être faite d'une façon plus complète et plus normale.

     En 1897, à la suite d'une motion présentée à la Chambre par divers représentants de notre département, le Gouvernement avait pris l'engagement de faire procéder à une étude sérieuse pour la mise à exécution de cette œuvre de véritable utilité publique, dont une partie déjà, de Roanne à Saint-Just, a été classée à la demande de M. Reymond, sénateur de la Loire (1) Journal Officiel du 21 décembre 1897..

     Le Conseil général des Ponts et Chaussées, chargé de cette question, a déposé, en 1909, un rapport constatant que la longueur du futur canal serait de 124 kilomètres ; qu'il exigerait une dépense de 141.000.000 de francs et pour un trafic évalué seulement à 700.000 tonnes. Il a conclu pour diverses raisons à l'abandon définitif du projet (2) Journal Officiel du 29 juillet 1909.

 

Rive de Gier - Le Pont Levis sur le Canal

 La Chambre de Commerce de Saint-Etienne, émue de cette décision, a protesté énergiquement auprès de M. le Ministre des Travaux publics et a demandé de considérer cette déclaration comme nulle et non avenue. Elle a chargé sa Commission des transports de préparer un rapport en réponse à celui du Conseil général des Ponts et Chaussées ; ce rapport a été fait par M. Voisin, ingénieur en chef au Corps des mines; il résume d'une façon remarquable les arguments devant servir à combattre les conclusions inadmissibles du Conseil général des Ponts et Chaussées, et fait appel à l'opinion publique. Il rectifie certaines erreurs qui se sont glissées dans l'étude faite en 1909 et conclut, au contraire, à la réalisation immédiate de ce projet.

     Les industries de la Loire, mines, métallurgie, verrerie, construction, alimentation, etc., sont unanimes à demander la construction de ce canal. L'exportation de nos eaux minérales pourrait doubler, et l'agriculture, qui subirait par le fait du canal d'heureuses transformations, fournirait un trafic de plus de 2oo.ooo tonnes, au lieu de 22.000 indiquées dans le rapport du Conseil général.

Rive de Gier - Le Pont Levis sur le Canal

     M. Fleury-Ravarin, député du Rhône, a présenté en 1910 une proposition invitant le Gouvernement à soumettre à une nouvelle étude le projet écarté par le Conseil des ponts et chaussées.

     Il a été démontré par les hommes les plus compétents que l'exécution du canal, au point de vue technique, n'offrait pas de difficultés insurmontables et qu'il aurait la plus grande utilité au point de vue économique. Espérons que cette idée finira par s'imposer et que satisfaction sera enfin accordée aux industries de notre région.

     Une proposition intéressante a aussi été faite au Gouvernement par M. Audiffred, sénateur de la Loire ; elle consisterait à faire exécuter ce travail, non avec le concours de l'Etat, des départements et des communes, mais au contraire avec le concours des Chambres de Commerce ou, à leur défaut, avec des Compagnies organisées, c'est-à-dire avec l'argent des particuliers. Au moment, dit-il, où la lutte économique devient de plus en plus vive, nous ne pouvons rester les bras croisés. Nous devons compléter notre réseau de voies navigables et désencombrer ainsi les voies ferrées qui ne peuvent plus suffire aux besoins du transit.

Rive de Gier - Quai Fleurdelix, la Caisse d'Epargne et l'Eglise Notre-Dame

     Le système financier imaginé par M. Audiffred n'engagerait l'Etat que dans la limite de la garantie d'intérêt des obligations de la Compagnie chargée de construire le canal, garantie en déduction de laquelle viendrait le produit des droits de péage perçus sur la navigation.
     On pourrait de cette manière commencer à exécuter la partie du canal de Roanne à Saint-Etienne qui nous relierait aux canaux du Centre. On réserverait l'exécution de la partie comprise entre Saint-Etienne et Givors jusqu'au moment où le canal latéral au Rhône serait décidé.
Cette proposition de M. Audiffred, fortement appuyée par la Chambre de Commerce de Saint-Etienne, est la seule qui donne la solution rapide du problème.
     Puisqu'il est admis que l'Etat ne peut pas avec les ressources de son budget, avec les charges croissantes résultant de l'application des lois sociales et celles qu'entraîne le régime toujours plus lourd de la paix armée » faire face à la dépense que doit entraîner la réfection de l'outillage économique, il faut, à moins de se résigner à une abdication mortelle, qu'il adopte la seule méthode d'exécution vraiment pratique et qui consiste à faire appel à l'initiative privée et aux capitaux privés, ainsi que cela a été fait pour notre réseau ferré.

Rive de Gier - Le Canal et l'Usine des Etaings

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