Des canaux navigables considérés d'une manière générale:
Avec des recherches comparatives sur la navigation intérieure de la France et celle d'Angleterre : accompagné de cartes, profils, et dessins de machines et travaux d'art.
Auteur : M. Michel, Louis, François HUERNE DE POMMEUSE
(1765 - 1840)
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Volume 1 Éditeur Chez Bachelier et Huzard, 1822 -632 pages - Le
Canal de Givors Page 349 à 357
Volume 2 Éditeur Chez Bachelier et Huzard, 1822
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Quoique nous nous soyons proposé de ne parler dans cette partie de L’Ouvrage que des Canaux existants qui font partie de la ligne navigable du nord au midi de la France, nous allons décrire ici le Canal de Givors qui s'embouche dans cette ligne navigable, parce qu'il peut prouver l'utilité des embranchements qu'elle déterminerait à établir par les grands avantages qu'elle présenterait. On peut s'en faire une idée, en se rappelant ce qui a été dit au sujet des quarante-cinq embranchements qui se sont rattachés successivement à la ligne navigable de Londres à Liverpool.
Le Canal de Givors prend son nom de la petite ville où il s'embouche dans le Rhône, à cinq lieues au dessous de Lyon, en partant de Rive de Gier, autre petite ville environnée de montagnes qui contiennent des mines de charbon de terre qui paraissent inépuisables.
On la d'abord considéré comme la première partie d'un Canal qui devait réunir le Rhône à la Loire, à Saint-Rambert, en passant par Saint-Etienne et Saint-Chamond. Mais le point de partage de ce Canal serait à environ 1138 pieds au-dessus du Rhône, ce qui fait 882 pieds au-dessus de l'origine du Canal de Givors; il est à 513 pieds au-dessus de la Loire : ce serait pour les deux chutes réunies 1395 pieds. On voit que le nombre des écluses et la capacité des réservoirs présenteraient de grandes dépenses.
Zacharie, horloger à Lyon, proposa, en 1751 au Gouvernement la jonction du Rhône à la Loire, qui devait opérer la jonction des mers; mais le Conseil, après avoir consulté sur la possibilité et les avantages de l'entreprise, l'obligea à en restreindre l'exécution à la partie du Rhône à Rive de Gier.
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Saint-Romain-En-Gier -
Ancienne écluse
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Il s'était occupé de son projet pendant 15 ans, il fit commencer les travaux en 1763; la concession ne lui fut accordée que pour 60 ans, parce qu'il se faisait illusion sur les frais de construction qu'on n'évaluait qu'à 631.000 Fr. Cependant il paraît que ses dépenses réunies à celles de mauvaises constructions qu'il exécuta, s'élevèrent au-delà de 500.000 Fr.
Zacharie mourut victime de son zèle et de ses illusions. Son fils aîné chercha à faire honneur à sa succession et à ses projets. D'après ses soins, il se forma, en 1775, une nouvelle compagnie, dans laquelle il resta propriétaire de cinq actions : celle-ci acquitta 60.000 Fr. de dettes de la succession de son père et termina les travaux en 8 ans: la navigation s’ouvrit en 1786.
Mais les accidents provenant de mauvaises constructions originaires, et l'insuffisance des eaux du Gier, compromettaient entièrement l’entreprise, et elle fut à la veille d'être abandonnée. La compagnie eut recours au Gouvernement. Elle lui observa qu'elle avait dépensé depuis 22 ans environ 3.000.000 Fr. qu'il était indispensable, pour soutenir l’entreprise et en obtenir le succès, qu'elle fit encore d'autres travaux estimés alors 1.360.000 Fr., et elle exposa que pour qu'elle pût effectuer des dépenses aussi considérables et aussi essentielles, il était de la justice du Gouvernement et de l'intérêt public de concéder à perpétuité ce Canal, dont la concession originaire n'avait d'abord été que de 60 ans et portée ensuite à 99 ans (en 1779), en raison de l'accroissement des dépenses.
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Saint-Romain-En-Gier -
Ancienne écluse et maison éclusière
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Sur cette demande de la compagnie, des lettres-patentes du mois de décembre 1789, enregistrées en forme d'édit au parlement au mois de septembre suivant, prononcèrent la concession perpétuelle, en considérant entre autres choses qu'il ne serait pas équitable que le domaine profitât de la fortune de quelques particuliers qui ont bien mérité, en procurant au public un établissement très avantageux, sans que l'État y eût contribué pour aucune dépense , et qu'il importait d'ailleurs à l'entretien et à la conservation des ouvrages, que les entrepreneurs en soient propriétaires incommutables, plutôt que de simples usufruitiers.Cet acte du parlement fut d'autant plus justifié, que les dépenses nécessaires pour la perfection du Canal ont monté à environ 4.000.000 Fr., dont il reste à peu près 800.000 Fr., à employer, qui, joints aux 3.000.000 Fr. de dépenses antérieures, forment, pour les dépenses faites pour ce Canal, un total de 7.000.000 Fr.
Le principal objet de ces travaux était l'établissement d'un réservoir qui, à lui seul, a coûté 1.400.000 Fr.
La compagnie composa son administration d'un directeur général, d'un comité administratif, dont le compte de gestion serait, ainsi que les plans d'opérations, réglés par une assemblée générale.
Elle nomma, pour son directeur général, M. de Cailhava, comme lui connaissant les qualités les plus propres à déterminer le succès d'une entreprise qu'on s'était vu à la veille d'abandonner.(Je dois à l'obligeance et aux connaissances de M. de Cailhava les principaux détails que j'expose ici ; j'avais eu le regret de ne point le rencontrer lorsque je visitai ce Canal, parce qu'il venait de demander sa retraite des fonctions de directeur , que la compagnie le détermina à reprendre d'après les obligations que cet établissement pouvait lui avoir encore
Privé des bons renseignements qu'il m'eût donnés, la notice que j'avais rédigée sur ce Canal s'est trouvée incomplète dans les premiers exemplaires de cet Ouvrage qui ont paru ; il m'a fait connaître, avec la plus grande obligeance, ce qui pouvait la rendre plus exacte et plus intéressante.)
M. de Cailhava justifia complètement le choix de la compagnie ; secondé par le comité administratif, ses attentions et ses soins se portèrent principalement sur la création d'un réservoir suffisant pour soutenir la navigation la plus active.
On eut la sagesse de prendre pour modèle le fameux bassin de Saint-Ferréol au Canal de Languedoc, en suivant une échelle réduite d'après les localités. Cependant, avant de l'adopter, les propriétaires du Canal hésitèrent longtemps; ils mirent en concurrence le projet d'un barrage par un seul mur semblable à celui du bassin du Lampy au Canal de Languedoc, et se déterminèrent par un motif d'économie dans lequel ils furent trompés par des difficultés imprévues, qui doublèrent la longueur du barrage.
Ce barrage paraissait dans le projet ne devoir pas s'étendre au-delà de 550 pieds de longueur; il était placé entre deux collines, dans une partie très resserrée du vallon; mais le rocher de la rive droite s'étant trouvé décomposé par des sources, il fallut le déblayer dans toute l'épaisseur du grand mur placé entre les remblais, sur toute la hauteur de la chaussée, sur environ 30 pieds en contrebas du lit du ruisseau, et sur une longueur inattendue de plus de 350 pieds: circonstance qui porte la longueur totale du barrage à 720 pieds.
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Saint-Romain-En-Gier - Maison éclusière
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La compagnie a eu à regretter de n'avoir pas placé le barrage dans une partie plus large du vallon, et de ne l'avoir pas composé d'un seul mur, qui aurait moins coûté, et qui aurait eu sur celui qui existe l'avantage de retenir dans son bassin, moyennant une élévation de 50 pieds, le double de l'eau que contient le réservoir existant, dont le barrage a le double de hauteur.
Les trois murs placés dans l'épaisseur de la chaussée sont à la distance de 180 pieds les uns des autres. Ces intervalles sont remplis par des remblais de terre jusqu'à concurrence de la hauteur de chacun d'eux.
L'un des murs est habituellement sous l'eau ; il a 81 pieds 6 pouces de hauteur et 10 pieds 6 pouces d'épaisseur; le remblai qui le réunit au mur du milieu, s'élève en talus devant ce mur à la hauteur de 63 pieds.
Ce second mur a dans sa base 18 pieds d'épaisseur. Il a été coulé au milieu de ce mur un béton de 3 pieds d'épaisseur. Le mur s'élève sans fruit jusqu'à la hauteur du remblai intérieur couvert par les eaux, et depuis cette hauteur jusqu'au couronnement, sur 34 pieds avec un douzième de fruit, et se termine à son couronnement à 17 pieds d'épaisseur. Sa face sur toute la longueur et sur la hauteur de 34 pieds, est revêtue de pierres de taille.
Le troisième mur, entièrement hors du massif delà chaussée, soutient le remblai adossé au grand mur qui vient d'être décrit; il s'élève de 56 pieds sur une épaisseur de 19 pieds. Sa longueur dans sa base est de 80 pieds, et à son couronnement de 200; le remblai qu'il soutient s’élève en talus jusqu'au couronnement du mur du milieu ; il est préservé des dégradations de la pluie par un
gazon.
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Le Barrage du Couzon
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Deux voûtes l'une sur l'autre traversent la chaussée entre le mur du milieu et les deux autres murs pour amener les eaux à l'intérieur, et pour ouvrir les robinets; c'est par ces orifices, au nombre de deux, qu'on tire les eaux lorsqu'elles sont à 20 pieds en contrebas du couronnement; jusqu'à cette profondeur elles sont données par une bonde. Les robinets sont adaptés à des corps qui traversent le grand mur, et prennent les eaux intérieurement par la voûte inférieure où elles entrent par un puits grillé pour empêcher les corps flottants de parvenir dans les robinets.
Les eaux sortant des robinets tombent dans une rigole qui traverse la voûte inférieure entre le grand mur et le mur extérieur. Celles qui sont données par la bonde, coulent dans un souterrain creusé dans le rocher qui s'embouche dans le déchargeoir du trop plein du bassin, à une profondeur de 20 à 25 pieds, d'où les eaux se précipitent dans le lit du ruisseau par une bruyante cascade de 70 pieds de hauteur.
Au-dessous de ces robinets, et au niveau des fondations du mur du milieu, il a été pratiqué une ouverture fermée par une vanne pour vider le bassin à fond, et en chasser les dépôts. Une ouverture et une vanne correspondantes, existent dans le mur intérieur.
Les eaux sont conduites au port de Rive de Gier, qui fait l'origine du Canal par l'ancien lit du ruisseau, sur un trajet d'environ 2000
toises.
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A gauche du mur d'aval, se trouve une plaque portant l'inscription suivante :
Son Altesse Royale, M. le Comte d'Artois, a daigné visiter ces travaux le 23 septembre 1814.
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Elles en sont ensuite dérivées par un barrage, et conduites dans une rigole souterraine creusée au travers d'une montagne composée de grès et de schiste de 260 toises de
longueur, 6 pieds de largeur, et 8 de hauteur, d'où elles tombent dans le lit du
Gier, et se mêlent avec les eaux de cette rivière pour entrer dans le Canal au port de Rive de
Gier, par la prise ci-devant désignée.
La partie de ce souterrain tracée dans les grés n'a souffert aucune altération, mais on a été dans la nécessité de voûter environ 50 toises de longueur dans la partie
schisteuse.
Au moyen de précautions prises avec tant de soin, la solidité de l'ensemble de ce beau barrage ne laisse rien à désirer.
Le réservoir ainsi formé a environ 950 toises de longueur, 45 toises de
largeur, une superficie de 42.750 toises, et contient à peu près 275.000 toises cubes.
Les eaux s'y renouvellent souvent et rapidement par les pluies
ordinaires, par la fonte des neiges des montagnes de Pilat. Cependant on n'a recours à ces eaux que dans la proportion de l'insuffisance de celles du
Gier.
On vient défaire, pour la perfection de ce bassin, une rigole de ceinture pratiquée dans le rocher pour dériver les eaux du Gier et les empêcher d'y charrier trop de troubles.
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A droite du mur d'aval, les constructeurs ont gravé sur le marbre cette inscription :
Exhaustis tribuit lacus ille canibalus undas Naugiisque refert, quam negal omnis, opem
Traduction : Le barrage qui alimente ce canal et permet aux bateaux de naviguer.
En dessous on lit :
Commencé sous le règne de Louis XVI et parachevé sous celui de Louis XVIII par les propriétaires du canal de Givors
SYNDICS
M. le Comte Laurencin du Marest Devillers, Coulon, de la Rose et le Comte de Cibeins Directeur : M. Cailhava ; Ingénieur : M. Heinz.
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Le barrage du vallon qui fixe les eaux dans la rigole, a 32 pieds de hauteur, 16 d'épaisseur réduite, et environ 176 de longueur; son parement en pierres de taille est semblable à ceux des murs de la grande chaussée. La rigole a 5 pieds de largeur, 5 pieds et demie de profondeur, et 1050 toises de longueur ; en se rapprochant du dégorgeoir du bassin auquel elle aboutit, elle est souterraine sur une longueur de 26 toises.
On peut maintenant, en détournant les eaux, facilement évacuer les dépôts de sable et de limon par les vannes de chasse, et faire dans les souterrains du barrage les réparations qui se présentent quelquefois. Les voûtes de l'intérieur étaient auparavant inaccessibles.
L'ouvrage, exécuté tout entier dans des rochers, a coûté 140.000 Fr. Cette dépense, jointe à celle de la chaussée et du bassin, a porté le total de rétablissement à environ 1.400.000 Fr.
Les travaux qui furent exécutés subséquemment furent :
1er la reconstruction des écluses en pierres de taille.
2ème L'élargissement du Canal dans les parties ou il est encaissé dans le roc. Sa largeur primitive n'y était que de 16 pieds, elle est portée à 50 pieds.
3ème L'établissement d'une belle gare à l'embouchure du Canal dans le Rhône.
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Le Barrage du Couzon
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Pour les écluses, au lieu de ventelles aux portes qui avaient d'abord été pratiquées pour le passage de l'eau et l'établissement des niveaux entre les sas ou les biefs, on a fait l'application du procédé des clapets dont M. Gauthey avait fait usage le premier, en établissant le Canal du Centre; mais l'expérience a indiqué ici quelques améliorations. Voici le détail de ces clapets.
Ils ont leur ouverture dans les murs des sas percés latéralement aux enclaves des portes, sur 27 pouces de hauteur et 21 de largeur.
Les cabinets par lesquels les eaux se précipitent, arrivent dans l'écluse et en sortent, ont 4 pieds carrés d'ouverture; ceux d'amont contournent le mur de chute, et ceux d'aval contournent les chardonnets.
Les clapets du Canal de Givors n'ont pas de siphon comme ceux du Canal du Centre; on les y a supprimés, parce qu'ils étaient sans utilité et retardaient le remplissage de l'écluse.
Pour accélérer ce remplissage, on a donné aux cabinets des clapets du Canal de Givors, et à leurs issues, 4 pieds carrés, au lieu de 5 pieds qu'ils ont au Canal du Centre, sans changer l'orifice de rentrée. Les écluses de 12 pieds de chute se remplissent et se vident en dix minutes. La dépense des 4 clapets d'une écluse peut monter à 8 ou 10.000 Fr. Les écluses ont 14 pieds 4 pouces de largeur entre les portes, et 85 pieds de longueur. L'écluse d'embouchure dans le Rhône a 16 pieds de large, afin de donner entrée aux grandes barques du Rhône dans une gare qui a 136 toises de longueur et 64 de
largeur.
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Le trop plein du barrage.
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Cette gare peut contenir 250 bateaux, au moyen d'un môle de 6 pieds de large, construit en belles pierres de taille, qui la partage dans sa longueur, en laissant à ses deux extrémités un passage libre pour les bateaux.
Elle est de la plus grande utilité, tant pour les bateaux qui naviguent sur le Canal, que pour offrir un abri aux barques du Rhône dans les grandes crues et les ouragans qui les exposent à être submergées.
Le service intérieur de cette gare est fait par les agents de la compagnie, pour éviter les vols, et moyennant une rétribution.
L'écluse d'entrée a été pratiquée sous un angle de 38 degrés avec le courant du fleuve, pour faciliter la manœuvre des bateaux, et éviter les inconvénients que faisait éprouver l'embouchure originaire, qui étant a angle droit, rendait l'entrée et la sortie des bateaux très périlleuse dans les hautes eaux, et nécessitait des dragages dans les basses eaux.
Ce Canal a 8.335 toises (16.241 mètres) de longueur; sa largeur commune est de 24 pieds (7 mètres 49 centimètres.) au plafond, et 36 pieds (11 mèt. 69 cent.) à "la ligne d'eau ; sa profondeur est de 5 à 6 pieds, ses 28 écluses rachètent 255 pieds (82 mèt.) de pente.
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Le Barrage du Couzon
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Il sert principalement au transport de la houille de Rive de Gier, dont il voiture environ 4.000.000 de quintaux. Avant qu'il fût établi, on ne transportait qu'environ 400.000 quintaux sur des mulets.
Il transporte des denrées, quantité de verreries, les matières premières qui servent à leur fabrication, et beaucoup de fer venant de Bourgogne pour les fabriques de Saint-Chamond et de Saint-Etienne. Il a un souterrain de 155 mètres de long et de 3 mètres de large.
Ce Canal reçoit, année commune, environ 3.ooo bateaux.
D'après les calculs de la compagnie, elle a dépensé 6.574.000 Fr, et l'on évalue à plus de 800.000 Fr. les améliorations restant à faire.
Le produit brut de l'année commune des dix dernières, a été de…665.669 Fr.
Les dépenses d'administration et d'entretien ont été de …………… 118.569 Fr.
Reste en produit net …………………………………………………545.000 Fr.
Les actions, qui originairement coûtèrent 15.000 Fr., au nombre de 72, reviennent aujourd'hui, par les appels de fonds, les intérêts jusqu'au commencement de la jouissance, les fonds faits postérieurement, et l'extinction de 17 actions, à près de 120.000 Fr. ; leur prix s'est élevé jusqu’à 150.000 et même 160.000 Fr.
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Le Barrage du Couzon
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Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (A.Robert et G.Cougny)
M. Michel, Louis, François HUERNE DE POMMEUSE
Né le 14/02/1765 à PARIS (SEINE - FRANCE)
Décédé le 25/06/1840 à PARIS (PARIS - FRANCE)
Député de 1815 à 1816, et de 1820 à 1827, né à Paris le 14 février 1765, mort à Paris le 25 juin 1840, était avocat et propriétaire à Pommeuse. Dévoué à la cause royaliste, il fut élu, le 22 août 1815,
député de Seine-et-Marne au collège de département par 106 voix (177 votants, 262 inscrits). Il vota, en politique, avec la majorité. Mais il ne prit guère la parole que sur les questions de finances, dont il se fit en
quelque sorte une spécialité. Il demanda par exemple que la taxe des canaux de navigation fût égale au ontant des contributions foncières des terrains qu'ils rendent plus productifs par leur passage, et que ces
mêmes terrains fussent taxés comme biens de première classe. Dans la discussion du projet de loi relatif à l'amortissement, il fit ressortir les grands avantages que l'on pourrait retirer de cette institution et proposa d'ajouter à la dotation de la caisse les arrérages des rentes viagères qui s'éteindraient par décès et ceux de tout traitement attaché aux places qui vaqueraient pour la même cause. Non réélu en 1816, M. Huerne de Pommeuse redevint député le 13 novembre 1820, le même collège électoral lui ayant donné 107 voix sur 144
votants, 239 inscrits. Il siégea à droite, continua de se consacrer à peu près exclusivement aux questions économiques, fut réélu député, le 13 novembre 1822, par le 2e arrondissement de Seine-et-Marne (Coulommiers), avec 180 voix (274 votants), puis, le 25 février 1824, avec 182 voix (271
votants, 325 inscrits), soutint le ministère Villèle, et fut chargé, le 16 février 1826, du rapport sur le projet de loi de la réduction des rentes. « Aussi, écrivait un biographe antiministériel, la réputation de M. Huerne de Pommeuse, qui avait atteint le pair, est tombée à 60. » En 1827, M. Huerne rentra dans la vie privée. On a de lui un certain nombre de notices relatives à l'économie politique, aux canaux, aux colonies agricoles, à l'assainissement des marais, etc. Il collabora, en outre, aux Annales des ponts et chaussées, au Journal de l'Industrie, à la Maison rustique, etc.
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