GIVORS PORT FLUVIAL
Auteur : Julien PAGE
Editeur André Martel 45, rue de Belfort, à Givors - 1950
Orné de 217 dessins de Claude Bordet

LE CARREFOUR
Véritable plaque tournante, telle est notre petite plaine où aboutissent plusieurs vallées très importantes. 
Située dans le couloir rhodanien, elle a bénéficié de toute l'activité de cette voie naturelle. Pendant des siècles, « patrons, travaillant sur la rivière » troublèrent seuls les bords du fleuve. Les « équipages » suivaient le chemin de halage, sur la rive gauche. La circulation intense fut favorisée par la construction plus récente de routes goudronnées, balisées, et de voies ferrées à grand trafic, parfois quadruplées comme de Chasse à Lyon. 
Bans offre de délicieux ombrages, des lônes pleines d'ombre et de fraîcheur. Le pêcheur suit le sentier dissimulé par les ronces aux baies noires magnifiques ou par les grandes fleurs jaunes étalées en panache. Les hauts peupliers, les saules têtards, les aulnes penchés composent de délicieuses perspectives. Les oiseaux s'y réfugient et les courlis d'automne vous lassent de leurs cris. En hiver, quelques couples de hérons se posent vers le « trou du Rat » ; des chasseurs surveillent les vols de canards qui passent haut dans le ciel gris. Un tableau très pittoresque est celui de l'attelage franchissant la lône pour se rendre dans les lots et parcelles acquis par les cultivateurs du pays. Le cheval piaffe et gravit vivement l'autre rive à grand renfort de cris ou d'encouragements du conducteur.

Le Hameau de Bans

Si l'île de Loire a quelque parenté d'aspect, dans sa partie nord, les plantations d'abricotiers et les champs cultivés lui donnent un autre caractère. Cette île appartenait à l'archevêque de Vienne. Mise en vente comme « bien national », elle fut acquise en 1791 par une coalition paysanne formée de très nombreux artisans et paysans de Loire. Sa mise en valeur par la plantation d'arbres fruitiers a enrichi le village. Lors de la floraison printanière, le spectacle est magnifique.
Ces agréments font, de cette partie de la vallée, un des séjours les plus agréables que l'on puisse imaginer.
De Givors à Lyon, la route de la rive droite, par Vernaison et Irigny, est préférée par les touristes. Mais celle qui permet les liaisons rapides et les plus grandes vitesses est la route nationale n° 86. Réclamée depuis le XVIIIe siècle, la route de Beaucaire à Lyon ne fut achevée que vers 1850. En 1939, elle était fréquentée par les camions-citernes, les poids lourds, les cars rouges, et d'autres encore, aux services rapides et multipliés.
Pour se rendre en Dauphiné, le bac-volant de la Tour de Bans, la traille après 1789, le pont suspendu de Givors de 1837 permettaient de rejoindre commodément les grandes routes du plat pays, par la vallée de l'Ozon.

Le Hameau de Bans

Si, au contraire, vous vouliez franchir la bordure est du Massif Central pour atteindre Saint-Etienne, Le Puy ou Montbrison, la vallée du Gier vous offrait une voie de pénétration étroite et relativement aisée. Des files de mulets chargés de sel, de fers, de houille, des charrettes traînées souvent par des bœufs à la marche lente, ont suivi le vieux chemin de Givors à Rive-de-Gier qui traversait la rivière, plus de dix fois, à gué, avant que les « margoulins » halent les longues « sicelandes » sur le canal étroit, aujourd'hui envasé et abandonné.
Bientôt la deuxième voie ferrée de France entassera, au confluent du Gier et du Rhône, houille, matières premières et produits manufacturés. La route n° 88, construite sous le Second Empire, connaîtra une intense activité, car la vallée est devenue très industrielle.
Enfin la route de Givors à Saint-Symphorien-sur-Coise, réclamée en 1788, permettra d'atteindre plus directement les plaines du Forez, mais avec plus de difficultés.
Du haut de nos collines, nous pouvons contempler cet entrelacs de routes, de chemins, de voies ferrées, et en évaluer l'importance en songeant aux ressources et aux besoins de centres lointains comme Saint-Etienne, Lyon, Paris, Vienne, Marseille.

Le Canal envahi par les roseaux

Ce carrefour n'a pas toujours été apprécié de la même manière au cours des âges. A l'époque romaine, deux voies unissaient Vienne à Lyon. L'une passait à Saint-Symphorien-d'Ozon pour aboutir au bac de la Guillotière. L'autre suivait la rive droite jusqu'à Givors puis la vallée du Garon. Peut-être un poste de soldats romains surveillait-il au gué de la Freydière la bifurcation pour le Forez ? Au moyen âge, les chemins étaient mal entretenus, mais nos « barons féodaux » pratiquaient une stricte surveillance des hommes et des marchandises circulant par terre et par eau. Si nous en croyons Guigues et sa carte des routes dressée à l'aide des hôpitaux signalés à cette époque, celle de Givors à Lyon devait passer à Millery, Irigny et Saint-Genis-Laval.
Au temps de la monarchie absolue, les routes royales délaissèrent Givors. Celle de Saint-Etienne à Lyon empruntait le plateau de Rive- de-Gier aux Sept-Chemins. Celle de Beaucaire était arrêtée au sud de Condrieu. Celle de Lyon-Marseille suivait la rive gauche. Il est vrai que le fleuve favorisait les déplacements !

Givors - Carrefour des Vallées du Gier et du Rhône - Le Bassin et le Port Pétrolier

Le Canal à fait place à l'Autoroute A47 - Le Bassin et le Port Pétrolier

Ce n'est qu'au XIXe siècle qu'un effort persévérant créera le réseau routier que nous connaissons, qui fut doublé progressivement par un réseau ferré dont les croisements et raccordements deviendront d'année en année plus complexes.
Les travaux des ingénieurs n'ont pas été facilités par l'abondance des obstacles naturels : ruisseaux, rivières, fleuves ; ou construits par nous- mêmes : canal, bassin, gare d'eau. Les gués, les « planches », les bacs, qui ont existé pendant des siècles, ont été remplacés par les ponts de bois, les ponts suspendus, les ponts métalliques, les ponts de pierre ou de ciment armé, si bien que Givors pourrait être appelé la « ville des Ponts ».
Le croisement électrique, le dernier né, fera bientôt de Givors la «ville des Pylônes», si nous n'y prenons garde !
Ce carrefour n'a-t-il pas provoqué sept bombardements de 1940 à 1944, des destructions et des victimes! Ne devait-il pas causer de très nombreuses alertes et, pendant de longues heures, la charge accablante de garder les voies et les ouvrages d'art la nuit et le jour !

Vue Aérienne de Givors 1957 - Le Bassin, le Canal, la Gare d'Eau et le Chemin de Fer

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