"La Route du Charbon"  dans la Vallée du Gier

Les Mulets / Le Canal de Givors / Le Chemin de Fer / Le Port Fluvial...

 

Le transport du charbon dans la vallée du Gier, à travers les regards d'auteurs de différentes époques: 

- Julien Page et Jean-Michel Duhart publié en avril 1978 sous le titre : «Abrégé des principaux éléments de l’histoire de Givors». 
- Etienne Abeille - Histoire de Givors - Impr. Librairie Ancienne de Louis Brun, 1912, 74 gravures, 330p.
- Claudius Chomienne - Rive de Gier (Histoire de la ville, du canton et de ses principales industries) 1912.
- Louis Joseph Gras - Le Forez et le Jarez navigables. Histoire de la navigation en Loire et sur le canal de Givors et des projets de canal de la Loire au Rhône. Saint-Etienne, Imprimerie Théolier, 1930, 230p.
- Julien Page - Givors Port Fluvial - Editeur André Martel 45, rue de Belfort, à Givors - 1950 - Orné de 217 dessins de Claude Bordet
- M. Michel, Louis, François Huerne de Pommeuse - Des canaux navigables considérés d'une manière générale: Avec des recherches comparatives sur la navigation intérieure de la France et celle d'Angleterre : accompagné de cartes, profils, et dessins de machines et travaux d'art. -Volume 1 Éditeur Chez Bachelier et Huzard, 1822 -632 pages - Le Canal de Givors Page 349 à 357

*  *  *

En complément de ces quelques pages internet sur le canal de Givors, vous pouvez retrouver tous les vestiges répertoriés avec les coordonnées GPS dans le livre de Christian Epalle. 

Un canal oublié - de Givors à La Grand-Croix
Par Christian Epalle


Présentation du livre:
     Embarquez sur une ciselande et remontez le cours du canal de Givors, au fil de l'eau et du temps, à travers une collection de cartes postales anciennes, de documents d'archives et de photographies des derniers vestiges.
     Retrouvez les nombreuses écluses, ponts-canaux, aqueducs d'alimentation, barrages, maisons éclusières, tunnels, qui composaient cette incroyable voie de navigation fluviale aujourd'hui ensevelie sous vingt kilomètres de bitume.
Rencontrez les fondateurs du canal, les margoulins, les mariniers, les portefaix, les éclusiers, ainsi que des pêcheurs, des lavandières, des jouteurs.

     Ouvrez ce livre et vous ne pourrez plus parcourir l'autoroute A47 comme avant, sans y reconnaître les témoins bicentenaires du passé navigable de la vallée du Gier.

 

 

 

Le livre indispensable pour marcher sur les traces du Canal de Givors. 

Bonne ballade!

*  *  *

Histoire du Canal...

 

Le canal de Givors a été enseveli par la construction dans la vallée du Gier de l’autoroute A47 en 1970 seuls quelques vestiges du canal ont été épargnés. Les nombreux automobilistes qui empruntent chaque jour l’autoroute A47 de Rive de Gier à Givors, peuvent découvrir quelques apparitions du canal longeant l’autoroute. 
Qui pourrait s’imaginer qu’il y a plus de deux siècles, c’était une tout autre activité qu’empruntait cette même voie de circulation, des margoulins tiraient des sicelandes (Embarcations plates) pour les faire avancer lentement sur le canal de Givors. 
     Le canal de Givors, un temps appelé " Canal des deux mers " parce qu'il devait relier le Rhône à la Loire, a été construit en une vingtaine d'années, de 1760 à 1780, par François Zaccharie initiateur du projet. Mais l'entreprenant Lyonnais avait trop présumé de ses forces ; sa fortune personnelle était complètement engloutie quand le canal, commencé à Givors, fut parvenu à Saint-Romain-en-Gier. Les travaux durent être suspendus. 

Photographies des dernières traces du canal de Givors, Maison éclusière, double écluse, le Rocher Percé
Commune de Tartaras

 François Zaccharie décède en 1768 d'un malaise cardiaque dans une auberge à Givors et lègue en héritage à son fils Guillaume une montagne de dettes auquel les créanciers confient la mission de terminer le canal pour ne pas perdre l'intégralité des sommes investies. Une sorte de fuite en avant qui, après bien des obstacles, s'avérera payante puisque l'exploitation débute bon an mal an en 1780. Deux ans plus tard, les actionnaires touchent enfin leurs premiers dividendes. Des sommes modestes au regard de celles qui viendront par la suite garnir leurs portefeuilles.
En 1788 la Compagnie du Canal de Givors édifiera le barrage de Couzon, le Gier n'étant plus suffisant pour alimenter en eau le canal. 

 

     L'industrie minière bat son plein, les verreries sont en pleine expansion. Chaque année, jusqu'à 330000 tonnes de marchandises et distribués, entre les différents actionnaires de la Compagnie du canal de Givors, plus de 11 millions de francs de dividendes. Les actions de la Compagnie atteignent une valeur unitaire de 200 000 Fr. Mais ce succès ne durera pas.
     En 1826, les frères Séguin obtiennent l'accord du Roi pour aménager une ligne de chemin de fer entre Saint-Étienne et Lyon. L'ère du rail et ses tarifs plus compétitifs causeront la perte de la Compagnie du canal de Givors.

 Dictionnaire du Canal:
Sicelandes embarcations plates en bois de 20 à 22m de long pouvant porter plusieurs tonnes. Le trajet était assuré par 2 ou 3 hommes les « Margoulins » et se faisait en 18 heures. Les crocheteurs.
Margoulins ou haleurs évoluait sur les chemins de halage, ils faisaient avancer les sicelandes en tirant sur la « bricole » (harnais) porté sur l’épaule relié à l’avant de l’embarcation par une « maillette ».
Les mariniers situés à l’extrémité avant de la sicelandes, les dirigeaient à l’aide d’une « harpie » ou perche.
Les éclusiers habitaient les maisons éclusières. Ils s’occupaient à manœuvrer les écluses et veillaient à l’aide de « gaffe » à la position des sicelandes dans l’écluse.
Les crocheteurs ou portefaix chargeaient et déchargeaient les embarcations. Nommés ainsi en raison du crochet de fer qu’ils utilisaient pour déplacer les ballots de marchandises.

Le site du Rocher Percé, vestige témoignant de ce canal oublié, inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Quelques dates importantes:
1749 - Un premier projet fut étudié par M. Alléon de Valcourt. 
1760 - Commencement des travaux par François Zacharie.
1768 - Mort de François Zacharie.
1768 - 30 septembre - Guillaume Zacharie reprend les travaux du canal.
1774 - Une compagnie se constitua.
1788 - Décembre : Création et exploitation par la Compagnie du canal de Givors, érigée en fief.
1780 - Mise en service du canal de Rive-de-Gier à Givors.
1793 - 25 septembre - mis sous séquestre pendant la révolution française. 
1794 - Le canal est rendu à la compagnie du canal de Givors.
1843 - Mise en service du tronçon entre Grand-Croix et Rive-de-Gier.
1846 - 1er janvier le canal est géré par la Compagnie des Mines de la Loire.
1886 - Le canal de Givors est racheté par l'Etat.

Quelques chiffres :
Le canal reliait Grand-Croix (Loire) à la cote de 284 m. au Rhône à Givors (Rhône) à la cote 155 m en passant par Rive-de-Gier (Loire) à la cote 233 m.
20 km de longueur totale de Givors à Grand’Croix.
15,5 km exploités de Givors à Rive de Gier - Dénivelé 85m.
28 écluses, simples ou doubles.
5 ponts-aqueducs, 19 ponts-chemin
Gabarit 22,50 m sur 4,65 m, mouillage 1,80 m, hauteur libre 2,80 m.
Un souterrain taillé dans la roche (unique en France à cette époque) 
Le rocher percé à Tartaras - 166m longueur, 5,50m de largeur, 1,70m à 2m de tirant d’eau et 2,3m à 2,6m tirant d’air 
2 grands bassins à Givors et Rive de Gier…

LE ROCHER PERCÉ
Il était prévu à l'origine de contourner le rocher qui faisait obstacle au tracé du canal, mais la proximité du Gier imposa de percer dans la roche un tunnel de plus de 100m.
Ce dernier fut entièrement creusé à la main, à l'aide de pioches et de barres à mine.
Durant l'exploitation, les embarcations étaient halées de l'intérieur, à l'aide des chaînes encore présentes dans le tunnel et scellées dans la paroi. A la sortie du tunnel et après le passage du pont qui enjambait le canal, le large bassin permettait aux bateaux de se croiser.

Caractéristiques du Tunnel
Longueur 166m.
Largeur 5,50m.
Tirant d'eau 1,70 à 2m.
Tirant d'air 2,30 à 2,6m.

LA DOUBLE ECLUSE DU ROCHER PERCE

Inventée au XVème siècle, l'écluse permet de franchir des dénivellations grâce au déplacement d'une masse d'eau passant du bief amont au bief aval par l'intermédiaire d'une conduite. Sur le canal de Givors, on en comptait 28, pour un dénivelé de 85 mètres.
Celle du Rocher Percé, était une double écluse, constituée de deux marches, elle permettat aux bateaux de franchir un dénivelé de huit mètres

 

L'apparition du chemin de fer fut la principale cause du déclin du canal, et les erreurs stratégiques de la compagnie ne firent qu'accélérer sa fin.

Dès 1824, des bruits courent concernant la liaison de Saint-Étienne à Lyon par voie ferrée ; des compagnies se présentent pour réaliser cette voie. Le 13 février 1825, le Préfet de la Loire désigne le terrain à acquérir par la Société future du chemin de fer. Un an plus tard, le directeur des Ponts et Chaussées annonce par affiches et voie de presse une adjudication pour l’exécution de cette entreprise. Ce chemin sera adjugé le 26 mars 1826 et, le 7 juin de la même année, M.M. Seguin, Biot et Cie recevront l’autorisation de construire.
Ouverte à l’exploitation en trois étapes : Givors Rive-de-Gier le 28 juin 1830, Lyon Givors le 3 avril 1832, et Rive-de-Gier Saint-Étienne le 1 octobre 1832. Cette nouvelle voie de communication provoqua à ses débuts un intérêt extrême parmi la population, ainsi qu’en fait foi ce texte du Docteur Brachet :


« Le chemin de fer est en pleine activité de Givors à Rive-de-Gier ; il a dépassé toutes les espérances des entrepreneurs sous le rapport des moyens de transport .On n’osait espérer qu’une pente aussi douce que celle de Rive-de-Gier au Rhône fût suffisante pour faire marcher avec vélocité les wagons. Eh bien vingt wagons abandonnés à leur propre impulsion , se rendent à Givors avec une rapidité telle qu’en vingt minutes ils parcouraient près de trois lieux , si l’on avait pas la précaution de les enrayer un peu , afin d’éviter les accidents qui pourraient résulter d’une semblable vélocité . »
Bientôt, une locomotive allait serpenter sur ces rails métalliques qui empruntaient la vallée du Gier. Avec cette « JUMENT NOIRE » comme l’aimaient alors à l’appeler les paysans d’autrefois. Givors venait d’entrer dans l’ère de la vapeur, dans l’âge de la révolution scientifique et technique.

Locomotive à Vapeur Fives-Lille 1883

Haut de page

Page Suivante

Le Rhône et la Loire assis, se donnant la main et joignant leurs eaux - 1784
Graveur en monnaies et médailles Pierre-Simon-Benjamin Duvivier. (1730-1819)
Jeton en Argent - Poids: 14,4gr. - Epaisseur: 1mm - Tranche: Strié

*  *  *

Copyright © 2001 [Yves Chapuis]. Tous droits réservés.   Révision :18 avril 2012 . yves.c@free.fr